Hôtel du Panier Fleuri

Quand il faut aller michetonner quelque rombière pour faire deux ou trois thunes, c'est-à-dire à peu près tous les jeudi après-midi, je m'installe à la terrasse du Levant, établissement correct –j’y trouve toute une gamme de tisanes rares estampillées « bio », autant faire ces choses-là avec le plus d’aisance possible– et surtout bien achalandé. Un œil attentif aura remarqué qu’à ce moment de la journée la terrasse est à l’ombre, ce qui dispense du port de lunettes de soleil, permettant par le fait une reconnaissance aisée. Les connaissances, d’ailleurs, ne tardent pas, un discret bouche-à-oreille étant fonctionnel depuis longtemps. Mais enfin, il est toujours besoin de se présenter, ne serait-ce que pour renouveler cette clientèle qui est, par définition, plus proche de l’arrivée que du départ. Et ce bouche-à-oreille, s’il fonctionne dans le sens horizontal, si j’ose dire, et seulement dans l’espace, dans le cercle, dans le clan horizontal de l’émettrice, est quasi-nul dans le sens vertical, probablement pour des raisons sociales qui me restent obscures. Au reste, ces dernières ne nuisent pas à mon entreprise, du moins pas pour l’instant. Il serait simplement agréable, juste, même, que cet ascenseur fonctionnât, ce serait un bonus en quelque sorte, mais non, il ne faut pas compter dessus et ma présence reste donc nécessaire, d’ailleurs il est hors de question de déléguer, cela ressortirait du proxénétisme et, comme aurait dit mon père, « il ne manquerait plus qu’ça ! »