Alors je vs raconte, brièvement:



                        Nous sommes partis en pleine nuit, vers trois heures et demie, il fallait être au jardin de la Légion d'Honneur avant cinq heures. En arrivant dans le parc de l'École, au bout d'un chemin éclairé par des photophores (on nous avait bien prévenus de ne pas parler, de ne pas faire de  bruit &c.) on discernait à peine des bancs arrangés en cercle, sur deux rangs. Une fois l'œil accoutumé à la pénombre, on a distingué (entendu, senti ?) un cheval tourner en rond autour de quelqu'un qui le tenait avec une longe; je ne connais pas les termes du cheval, aussi je vs le raconte comme je peux.
                     
                      Cela a dû continuer le temps que tt le monde (2-300 personnes) s'installe, et puis le cheval s'est arrêté de tourner et a  regardé, longuement, vers l'entrée de ce cercle. On commençait à mieux voir. Alors Bartabas est arrivé avec sa selle et son équipement, et vêtu d'une sorte de bure à capuche. Il a installé cet équipement, a monté le cheval et pendant que le servant quittait les lieux un musicien a commencé à jouer de l'oud. Ce musicien –Mehdi Haddab– était resté invisible à nos yeux tant nous étions comme hypnotisés par cette ronde.

                        Ensuite, durant 3/4 d'h. à peu près, Bartabas a fait travailler le cheval (on saura plus tard qu'il s'appelle "Caravage"), d'abord doucement puis de plus en plus techniquement, avec des pas compliqués mais sans sauts ni rien de ce genre. Sur le cheval, il ne bouge pas du tout, ne semble pas même se servir des rênes, reste souple, immobile et muet. Juste une caresse sur l'encolure de temps en temps. L'oud accompagne les pas du cheval qui souffle, les premiers martinets chassent les chauve-souris. Puis les deux s'immobilisent (l'oud se tait), le cavalier descend de cheval et le déséquipe, et quitte les lieux. Il ne fait plus nuit mais le jour n'est pas encore complètement levé. Le cheval s'ébroue et se roule dans le sable en hennissant, puis se relève et, immobile, regarde vers l'entrée du cercle dans la même position qu'au début. L'homme qui le faisait marcher en rond tout à l'heure revient, lui repasse la longe et ils quittent l'endroit tous les deux sans un mot.
                       
                          C'était un moment très particulier, vs vous en doutez, sobre et très poétique; je ne sais pas vous dire... je ne sais pas comment. Sans embarras aucun, certainement très technique aussi (des pas de travers –une amie me dirait plus tard qu'il allait l'ambleen arrière, tout doucement) mais sans qu'aucun effort ne paraisse; comme une discipline du réveil ? En tout cas cette fois c'est la plus belle des retouches, et elle a été faite avant même que le photographe n'ose prendre la photo.






                            Alors, nous sommes allés prendre notre premier café. À bientôt, je vs embrasse, D.

...

Commentaires

  1. Ce Bartabas est un génie (je l'ai vu deux fois, je m'en souviens encore).

    Son osmose avec le cheval - qu n'est pas une conquête pour lui, mais un alter ego - est oeuvre d'art en soi.

    L'oud, en outre, devait cadencer.

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  2. Un centaure qui m'a-t-on dit n'a pas toujours très bon caractere

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    1. Le moins que l'on en puisse dire est qu'il est peu disert.

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