Le fort en gueules

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Ici se termine l'incroyable cavale terrestre d'Adam E. (dit «le canif»), le vingt-quatre septembre deux mille quatre, vers les sept heures moins dix (d'après la police, errant dans les indices). Il profite de l'ivresse d'un matelot gorgé de Bordeaux pour se glisser dans les cales remplies de chênes rouvres d'un vraquier à destination des eaux turquoise de Zanzibar. Adam E. (dit «le canif»), daltonien de type III, entretenait le sentiment de bien faire tout ce qu'il fallait pour être à jour de querelles avec sa planète. Preuve en est  cette liste des métiers qu'on lui prête: tantôt clown, ici pompier; là, ramasseur de fraises. Ou bien convoyeur de rubis pour une puissance de l'est. Pêcheur de grondins, distilleur d'Airelles, broyeur de pourpres, cueilleur de groseilles, cultivateur de garance. Père Noël, faux cardinal dans un opéra-bouffe méconnu de Camille Saint-Saëns. Dessinateur de croix, designer de panneaux routiers.  La liste est loin d'être close, à la différence des maisons qu'il fréquentait (car sa vigueur est diabolique). Le cercle des gardes et des armées a failli l’enserrer, trop tard. Ils restent sur le carreau. Adam E (dit «le canif») est déjà vers bâbord, à la sortie du port. Est-il au téléphone ?

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