sans les lunettes* (1)
Elle avait disparu de la circulation de façon tellement imprévisible que je la croyais remisée dans un garage, ou couverte par une bâche, ce qui m'aurait déplu. Pas son genre. Dans un premier temps j'avais pensé l'avoir blessée, mais avec quel outil, j'en suis particulièrement dépourvu et l'on en avait suffisamment discouru alors que le moment était venu. Ou bien était-ce le silence, on dit qu'il est parfois assourdissant. Et puis après quelques années elle m'a klaxonné gentiment par l'intermédiaire d'un mail, tombé automatiquement dans le dossier des indésirables. Je l'ai relevé avec vigueur et nous avons échangé nos adresses sans protection, pour retrouver le gout du vieux temps.
Il faudrait, si la vie était plus longue, pouvoir se réserver ainsi des plages interminables sur le sable de l'autre, pour le plaisir de la rencontre immensément retardée. Mais puisque nous n'avons pas le temps — on le sent bien, même si la mort n'est pas une préoccupation permanente certains indices ne trompent pas, ainsi des réveils en pleine nuit précédés et suivis d'une bousculade d'interrogations métaphysiques dont on ne se serait pas cru capable il y a seulement une dizaine d'années, comme la couleur du marbre ou bien le biseautage de l'inscription, ou bien l'endroit de l'éparpillement, mer, montagne, lac ou que sais-je ? Et pourquoi pas brulé avec ces derniers? — puisque nous sommes finis, donc, nous avons l'obligation de faire en un temps court le maximum d'actions remarquables, dont on puisse tirer profit. Dans cet objectif l'homme a inventé des concepts tels que Tweeter et la Porsche 911, mais là n'est pas la question et si elle y était il faudrait encore perdre du temps en développements vains et contradictions douloureuses.
J'étais donc, tranquille; écoutant le Kiosque à musique et la voix de Denisa Kerschova, devisant à part moi sur ma méconnaissance de l'oeuvre de Smetana, la faute à qui, mmm?, lorsque je pris sur moi de répondre au téléphone qui sonnait depuis au moins sept secondes, et pas dans le vide. —Oui ? —C'est moi (ce dernier mot prononcé comme s'il y avait deux syllables: mo - â, comme si l'interlocutrice avait tenté de camoufler sa voix). —Qui, vous ? je propose, mi-lard mi-cochon (voir billets antérieurs)
Et là c'était ma femme et je vous laisse, je reprendrai ce texte un peu plus tard car il y a une urgence (ibid) (mais rien de grave) (je vous raconterai)
* rien à voir
...
nous sommes finis ?... oh punaise !... t'es sûr ?
RépondreSupprimerOui (ma tête à parier)
SupprimerDes amie(s) perdu(e)s de vue qui, grâce à Internet, sont réapparus : comme par un coup de baguette magique - mirage ou (misérable ?) miracle des ondes... - le temps est aboli en bibelot sonore ou sous bâche, la Porsche 911, oui, je préfère la Mercedes 300 SL et ses ailes papillon.
RépondreSupprimerMais je te laisse à l'urgence du moment qui n'est sûrement pas terrible (hors les pensées au lit), sur le fil, n'oublie pas le balancier !
Je te suis sur le terrain de la Mercedes, dans un souci d'équité sociale j'ai choisi le modèle abordable (en réduction - et pas fiscale - évidemment !)
SupprimerIndéfinis que nous sommes.
RépondreSupprimer... et incontrolables. J'attends la suite avec impatience ^^
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