Instants en chemin - 2/4

Comme souvent, ce sera une disjonction quasi électrique, une interruption de la conscience — tel dans un rêve, le son entendu ne correspond à rien d'immédiatement contrôlable: quel est-il ? et d'où vient-il ? — d'une durée indéfinissable; nous nous étions assoupis à la faveur d'une conduite souple, sans à-coups, et la tiédeur de la hanche et l'odeur du cou voisins, sur la banquette arrière, nous portaient, nous emportaient, bien plus loin que le ronronnement feutré du moteur qui vraiment n'a d'explosion que le nom.


Tandis que la portière s’entrouvre, laissant le rêve se dépressuriser au dehors, des champs entiers de terre chaude se sont concertés pour exprimer  leurs molécules au point précis d'arrimage de la voiture. Nous pourrions être n'importe où, pas de repère sinon la pente de collines anonymes et néanmoins bien singulières, en ce sens que nous savons d'instinct que leur plan restera comme une icone du voyage. Ici, c'était le premier arrêt sur la route de Chareil. Faute d'indices autres que le mélange d'une odeur fauve et des nuages effilochés, cet endroit demeurera à jamais irrécupérable.




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Commentaires

  1. Ils s'expriment drôlement bien ces champs!

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  2. La borne blanche et mince sur la deuxième photo deviendra bientôt un objet de musée (la Sécurité routière pourrait en ouvrir un à côté de Branly, avec des "installations" de véhicules emboutis et de panneaux de signalisation obsolètes).

    Elle donne un repère vertical à l'horizontalité des champs de vision.

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    1. Un succédané du platane, sans le succès meurtrier d'icelui.

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