personnage roulant



N'y allons par par quatre chemins, d'ailleurs ici il n'y en a qu'un, le long de la rive gauche; le canal de l'Ourcq est très mal famé (je ne parle pas de Paris, que je connais moins bien, mais de 40 km en amont, dans la presque campagne).






On y croise, à toute heure, de loin en loin et dans le désordre: des pêcheurs à la ligne, des prostituées, des dealers, des bourgeoises seules ou en couple, des tapineurs, des sportifs de haut niveau, des convalescents, des suicidaires, des anciens mariniers, des suicidés, des gendarmes, des rappeurs, des rêveurs, des naturalistes, des lecteurs de Simenon, de Mac Orlan ou de n'importe qui et, parfois même, des cyclistes. C'est vous dire à quel point ça craint. Et c'est très bien comme ça.




Au départ d'Isles-lès-Villenoy se devinent les vestiges pourrissant de deux antiques flûtes d'Ourcq; elles ont des noms bizarres, peut-être parce qu'elles sont amphidromes.






































Il y a deux façons de faire (et seulement deux): soit l'on monte (et cela se fera un jour ou l'autre, c'est possible, tout est possible) ou bien l'on descend. C'est ainsi qu'on «avale» (c'est le mot) le chemin de halage. Il faut se garder des idées reçues,  ne pas avoir peur surtout, car la nature est traître, c'est bien connu, et au fond je ne souhaite à personne de venir par ici. La beauté factice des sous-bois risque de nous faire prendre pour, par exemple, Eddy Merckx sur le Paris-Roubaix 1970, on en a déjà la coupe de cheveux, et, chaleur n'aidant pas, confusion des surfaces et du but, sueur dans les yeux, éblouissements, le pont, ah, le pont.




Il n'y a pas de honte à stopper quelques km plus loin pour aller boire un coup à l'auberge de Strasbourg, se remettre d'aplomb, discuter le bout de gras (c'est le cas de le dire) avec la patronne et faire demi-tour. À vitesse modérée.





Pour notre amusement sur la route du retour, une chanson morale et réaliste (ou l'inverse), écrite par un type du coin (on y reviendra sûrement) et chantée par une fille idoine (on y reviendra peut-être):

Lou Saintagne, les progrès d'une garce (Pierre Mac Orlan) musique V. Marceau arrangée par P. Laviosa (remerciements ©Comité Mac Orlan)


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Commentaires

  1. en bordure de rive, ces urbaines petites campagnes

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    1. ... avec des humains plus ou moins disséminés, tout au long

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  2. On suit votre démarche, votre marche, un progrès dans la grâce!

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  3. d'un beauté à en trahir (presque !) Béarn et Pays Basque réunis

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  4. Oui, presque, car ici il faut avoir l'oeil, tandis que chez vous c'est l'oeil qui est noyé (presque)

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  5. Cela me donne envie de ressortir mon vélo, je connais surtout la piste depuis le bassin de la Villette.

    Mais je n'ai pas encore rencontré ces péniches mythologiques qui font le tapin tranquillement...

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    1. Il faudra, un jour, faire la «joignure»
      Les péniches sont abordables à un prix... avantageux

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  6. Les péniches comme les perruches marchent souvent par deux. A part cela ces images de l'inphotographié laissent toujours rêveurs, enfin, je veux dire, jaloux.

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    1. L'«inphotographié» fait sens à un point tel que l'on imagine pouvoir se passer de photos, ou du moins en faire l'économie.
      Il y a encore du travail à l'épure !

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  7. J'ai eu la chance enfant d'habiter à proximité d'un canal et les chemins de halage ont fait partie de mon univers d'exploration du monde, tissant une toile aux ramifications humides dont les rayons s'ornaient des flèches colorées de martins-pêcheurs, des cannes brillantes des pêcheurs, de l'écume qui scintillait dans le sillage des péniches. Elles conduisaient à mon 'havre de grâce'.

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