Baroud sans esbroufe au passé simple

Nous convînmes d'une équipée légère...




... l'essentiel étant d'être à l'heure pour l'œuvre à venir.






À quinze heures pétantes, nous étions devant l'Hôtel d'Angleterre (pour des raisons de sécurité, le nom des lieux — ainsi que les plaques d'immatriculation des véhicules — a été changé)
Devant l'entrée du restaurant, fumaient deux escort peu accortes et hors d'âge en manteau de fourrure très court par dessus des jambes grêles et résillées, genre porno-chic. Elles jetaient des regards méprisants (et lourdement fardés) vers tout ce qui ne s'associait pas à un patrimoine éligible à l'ISF. 
Fort heureusement deux gros messieurs, ocre et rubicond (ou l'inverse) les rejoignirent avec emphase puis tout le monde s'engouffra dans une Mercedes 350 SEL. Pour notre plus grand soulagement, ces deux squelettes clinquants et odoriférants n'étaient pas nos indicatrices.




Une fois à l'intérieur du bar, où nous nous fîmes servir deux cafés idéalement serrés, apparurent, venant d'une arrière-salle (à moins que ce ne fut depuis la partie réservée aux pensionnaires) deux dames en fort belle toilette, autant que l'on put en jucher, sur des talons très hauts. Le caractère bien marqué de leurs traits peints vivement, façon rococo, nous fit croire à un nouveau quiproquo. Mais il n'en était rien, cette fois-ci. Le patron, naturel débonnaire, fit les présentations et, manière de lier conversation (nous craignîmes un instant qu'il s'incrustât, et vînt par là même perturber nos plans; erreur, car s'il s'incrusta bien, sa bonhommie nous fut très aimable) offrit d'abord quatre verres, puis la bouteille, puis une seconde de cet excellent vin nommé Jasnières et qui est celui du pays. 




Les yeux de nos interlocutrices (dont les silhouettes, pour les mêmes raisons évidentes de sécurité que celles dites plus haut, ont été masquées) pétillaient d'humour, de joie contenue ainsi que d'une noble ivresse. Rien n'était comparable à la hardiesse (irae) de leur élégante et fière allure sinon, à l'extrême rigueur, la Femme lippue  de Kees Van Dongen. Heureusement (encore) fort heureusement il était temps d'y aller, il était temps.
D'ailleurs elles avaient remarquablement bien préparé le terrain, de leurs craies polyvalentes.










Le lecteur attentif, s'il est parvenu jusqu'à ces lignes, ce dont il doit être remercié, aura déjà compris le modus operandi, hic et nunc. Il lui sera fait grâce d'un discours amenuisant.










Il ne nous restait plus qu'à filer à l'anglaise avec un nouveau véhicule apparié et les deux rombières artiste peintre devenues amies proches (pour les raisons de sécurité déjà par deux fois expliquées plus haut, l'Hôtel d'Angleterre a été maquillé).







Ainsi nous quittâmes, via la forêt de Vibraye et bien serrés les uns contre les autres, roulant correctement à droite et à une allure confortable, ce charmant pays du Loir, où naquit la rustines
Quod erat demonstrandum, si l'on peut s'exprimer ainsi.


...

Commentaires

  1. oh ! que de jolies aventures gentiment contées

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    1. S'en tenir aux faits, toujours ! (ne pas déraisonner...)

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  2. Agréable jeu de piste(s) : c'était un rassemblement de collectionneurs ?

    Le loi(si)r sait se réveiller de multiples façons !

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    1. Dans les sous-bois des forêts près du Mans, il n'est pas rare de voir des bolides en harde, le dimanche

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  3. je n'ai qu'une chose à dire : le "hardiesse (irae)" faut le breveter !

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  4. Ah! Ah! C'est trop drôle!

    Bernadette

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