Nuit(s)
Il a fallu décrocher le téléphone.
Je lui ai dit ce que j'avais en mémoire à ce moment précis, c'est-à-dire pas grand-chose, alors qu'à l'instant d'avant, tasse de café à la main (en fait, l'oreille d'icelle — la tasse — entre le pouce et l'index gauches, petit doigt en l'air) il me semblait avoir fait à peu près le tour de la question, avoir bien dégagé (jusque derrière les oreilles) les points forts, points répertoriés, triés, hiérarchisés et, pensais-je, sus, j'avais même fait les gestes (de la main droite, pour éviter une surprise, mais la gauche faisant dangereusement écho) des gestes donc, en parlant mentalement, comme si j'agitais un invisible (et impertinent) classeur, bien décidé tout compte fait et par dessus le marché.
Elle me dirait plus tard avoir surtout entendu le grain de ma voix, sensible, selon elle — tu parles — à son avis ce n'était déjà pas si mal, n'empêche, j'aurais pu être plus exact, plus vaste aussi mais, en quelque sorte, je disais la vérité, qui est un entre-deux, une hésitation, des balbutiements, toujours, et certainement pas l'illusion d'un discours catégorique, en tout cas péremptoire et, au fond, prétentieux; ainsi je bredouillais et c'est sans doute ce qui lui a plu, elle silencieuse tandis que j'ânonnais, me débattant au milieu de phrases devenues vides du sens que j'espérais leur faire porter, littéralement spectateur de ma propre défaite, en miettes et bientôt en eau.
C'est depuis cette ahurissante perspective que s'éprouvèrent par la suite mes nuits avec Josy.
...
Comme Démosthène roulait des cailloux sous sa langue, le personnage ici concasse des buches dans sa bouche, tout ça parce que Josy (il n'a pas osé) est à l'autre bout du sans-fil, parce que les mots sont des images et les images se baladent en rond avant de passer à autre chose, dans l'espace du noir et blanc.
RépondreSupprimervos b(o)uches qui s'enroulent
RépondreSupprimerLa vérité est pleine d'embuches, surtout quand elle sort de la bouche des amants.
RépondreSupprimerruines enchanteresses plantées d'arbres dont on fait les bûches et ces histoires bizarres qui viennent s'accrocher aux pierres et aux branches (chacun les siennes (;))
RépondreSupprimer@tous: je ne sais pas grand-chose
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