Le store
Je n’avais jamais vu de bas en soie. C’est-à-dire que je
n’en avais jamais vu en vrai.
Bien sûr, j’en avais croisé (et décroisé) en nylon ; de
toutes tailles et de tous motifs. À couture rarement, à résille parfois mais le
plus souvent unis. Mais surtout des collants (question d’époque), certains
étaient affreux avec leur renfort à l’entrejambe, comme s’il fallait soutenir
quelque chose, dans ces cas-là ça démarrait vraiment mal. Ou alors des bas de
laine (ceux qui protégeaient les jambes dorées et sportives d’une authentique
scandinave en goguette) ou bien encore des collants de coton, de toutes les couleurs
et plus ou moins bien ajustés à leur propriétaire. Des chaussettes, plein (mais
de socquette, point)
Il y avait aussi, il faut bien le dire, beaucoup de
pantalons (époque de questions). La plupart du temps des jeans, mais aussi
quantité de toiles d’été ; une fois et une seule un très beau velours
côtelé, emprisonnant de précieuses éphélides. Une autre fois, un fuseau (qui ne
sortait pas, je crois, de chez Allard, ou alors Allard-les-bains). Mais des bas
de soie, de beaux bas de soie, des vrais bas en soie, ceux qui sont soutenus
avec ces espèces de petites bretelles délicates, doublement, diablement (et
foutrement) symétriques, jamais. C’est peut-être parce que je buvais beaucoup,
à l’époque, mon imagination avait fini par filer.
Aussi quelle ne fut pas ma surprise hier matin, en me
réveillant et tandis que ma main s’égarait sous l’oreiller voisin, de sentir
sous mes doigts encore assoupis le crissement caractéristique (à défaut
d’expérience il me reste quelques lettres) du tissu fantasmé. Mais ce n’était
qu’un rêve dû à une mauvaise position ; qu’à cela ne tienne, il n’y avait
plus qu’à se remettre de cet engourdissement et le laisser s’évaporer dans le
cours du jour.
Étymol. et Hist. 1930 (J. Berthel, Impressions marocaines, p. 38: les porteuses [d'oranges, à Marseille] aux mouchoirs éclatants et aux « socquettes » violettes). Dér., à l'aide du suff. -ette* tiré de chaussette*, de l'angl. sock « chaussette, socquette » (dep. 1327 ds NED), d'abord « chaussure », issu du lat. soccus (socque*).
RépondreSupprimersource CNRTL
Shocking ou stockings ?
RépondreSupprimerLes bas vont de soi pour qui aime l'érotisme (ne serait-ce qu'en chambre voilée).
Ce n'était pas un rêve.
RépondreSupprimermais est-ce que l'en-soi du bas existe vraiment? ou n'est-ce pas plutôt l'en bas du soi?
RépondreSupprimerpas l'en bas du bas (c'est le pied), mais l'en haut du bas, là c'est encore mieux. On y rêve.