Des riens, toujours



Ce matin il a fallu ressortir les vêtements d'hiver, descendre du grenier la parka dans laquelle on est toujours un peu engoncé quand on s'y glisse pour la première fois de l'arrière-saison. Plaisir aussi d'avoir les joues piquées et rosies sous l'écharpe, les lunettes qui s'embuent quand on entre dans la boulangerie ou chez un voisin, les cheveux encore aplatis par la casquette au dessus du café qui fume.


Il y avait un travail à finir, ce n'est pas un baobab mais un magnolia et pourtant ses racines encore jeunes sont déjà profondes, il a fallu utiliser les grands moyens pour ne pas le blesser. Il fallait juste le déplacer car on l'avait planté à un mauvais endroit : trop de vent, trop de soleil. On s'est trompés, on s'en est rendu compte trop tard et il repartira peut-être mais rien n'est sûr, l'arbre est réputé fragile.
Ça fait dans l'herbe comme un hématome qui ne serait pas source d'inquiétude, d'ici à quelques semaines les mousses auront commencé de préparer le terrain aux graminées en sommeil.



Ce soir, en préparant le feu c'est l'aboiement d'un chien qui descend aux oreilles par le conduit de cheminée, puis le chuintement d'un train qui s'éloigne.
On fait chauffer de l'eau, le chat ronfle, épuisé comme un travailleur de force. Au loin, vers le couchant, on dirait que la ville veille, ou brûle. À quoi bon fermer portillon, portes et volets.



...


Commentaires

  1. Premiers froids, premiers feux de cheminées, bientôt la Ste Catherine où tout bois prend racine, bonne chance à ce jeune arbre pour s'acclimater dans son nouvel emplacement plus abrité.
    Merci pour ce partage paisible !

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  2. Belle dernière photo : l'embrasement du ciel est difficile toutefois à concurrencer.

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  3. J'aime bien aussi le trumeau au sol composé de chutes de pelle-pioche-racines comme une gloire d'automne

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