Les pieds dans la boue et dans le Front National

Il pleut, il pleut sans discontinuer dans une grisaille plutôt douce, mais le chemin qui longe le canal de l'Ourcq est toujours au même endroit, son eau toujours aussi claire et son courant bien vif. On aime infiniment marcher à ses côtés après son petit parcours (130 km) dans la campagne. Juste un bout de route ensemble, une fois parvenu à son terme au bassin de la Villette il trouvera des compagnons talentueux et fidèles pour continuer, en ville, le brin de causette.

On se quitte plus loin en profitant d'un pont pour traverser la Marne, et puis ce sont d'anciennes carrières de sable transformées en « espace naturel sensible » dans lequel se reposent les oiseaux migrateurs qui ont la chance de passer par là. Ceux-ci, apparemment, ne dérangent personne.

Au retour, l'immensité d'une plaine sous la colline de Penchard, au milieu des betteraves et dans la boue. Pas très loin d'ici, plusieurs centaines de combattants marocains sont morts pour défendre la France le premier jour de la bataille de la Marne, le 5 septembre 1914. Dans l'un des bataillons venus les soutenir se trouvait le poète Charles Péguy, tué d'une balle dans la tête. Personne ne sait s'il est tombé le front sur une betterave.

Désormais le vote pour le Front National approche ici les 50 %. Au milieu des betteraves, et quand il ferait beau temps cela ne changerait rien. Il n'y a pas ici de musique pour adoucir les âmes mais du sucre, pour engraisser les corps. Du sucre de betterave.

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