La ronde du 15 février : Empreinte(s)



Le 15 février, la ronde.

Principe : le premier écrit chez le deuxième, qui écrit chez le troisième etc.

Le mot « empreinte(s) » pour prétexte, aujourd'hui c'est quotiriens sur cette page, tandis que mon texte est publié chez simultanées, par Hélène Verdier. Merci à eux deux, et aussi à tous les autres.


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Gargas, walk of unfame néolithique






Surplombant la vallée de la Neste D’Aure, les grottes de Gargas abritent environ deux cents empreintes de mains d’hommes, de femmes surtout et peut-être d’adolescents qui vécurent il y a vingt à ving-cinq mille ans. Des êtres de CroMagnon, de la période du Gravettien, ont laissé là des marques, des traces de vie sur le sol, et des représentations sur les parois des grottes, gravures, symboles sexuels féminins, peintures et en particulier des mains négatives.
































La main appliquée sur la paroi, le pigment est projeté dessus (par tamponnage, pigments soufflés ou crachés) et l’empreinte négative de la main apparaît quand on la retire.
Le procédé semble si simple, et les murs des écoles maternelles sont couverts de mains cette fois positives, nous l’avons tous fait étant enfant. La paume de la main couverte de peinture est appliquée sur une feuille, puis soulevée pour laisser apparaître sa silhouette (mais les mains positives sont les moins représentées sur les parois des grottes néolithiques). Un sourire nostalgique accompagne la mise à jour d’une feuille oubliée portant l’empreinte des mains, et parfois des pieds, de nos chères têtes blondes. Comment ont-ils pu grandir si vite ?

Autre procédé, même sentiment pour les stars qui se succèdent pour enfoncer leurs mains et leurs chaussures (…) dans le ciment frais des trottoirs d’Hollywood, transformés en lieu sacré des empreintes fameuses. Le passant piétine les traces des vedettes passées, compare les dimensions de ses propres mains à celles des ersatz de ses idoles.
Ces empreintes ressemblent à celles qu’on pourrait faire soi-même, la main n’a pas beaucoup changé depuis 25 000 ans, l’empreinte de ma main droite doit probablement bien ressembler à celle de Cary Grant. Chaque empreinte a pourtant cette aura unique de celui ou celle qui l’a perpétrée un jour et qui lui assure un respect, une authenticité qui efface le signifiant et libère le signifié.




Au fond d’une grotte silencieuse, sous le faisceau de la lampe, une main négative apparaît au contact de la roche, entre l’absence et le souvenir de cette main, empreinte d’un toucher. Peu importe la technique ou les raisons de cette pratique, rituel, langage, présence, art, qui restent hypothétiques , seule la présence d’une chose absente nous touche.
Le procédé (de l’empreinte) dédouble bien, mais propose un négatif, le même que le négatif photographique, une forme en creux du modèle, un vide qui donne un sens différent de son original. Elle produirait non pas de la ressemblance, mais une mémoire, du temps solidifié. (Arnaud Lapierre L’empreinte, le sens de l’absence.)

Présence discrète au milieu des silhouettes d’animaux préhistoriques ou fièrement exhibée sur les trottoirs d’Hollywood, l’empreinte de main témoigne d’une individualité passée qui
persiste sous la forme d’une métaphore d'humanité.







texte & photos (moins une) : quotiriens





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La ronde tourne cette fois-ci dans le sens suivant (par ordre de tirage au sort) :





 archives de la ronde





— prochaine ronde le 15 avril —




Commentaires

  1. l'empreinte de Cary Grant ? c'est dingue. Peut-être y a-t-il celle de Marilyn en moi, mais je me sens un peu pré-historique
    (; à part ça l'empreinte : quel sujet !

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  2. (l'humanité selon Marilyn était généreuse)

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  3. Il faudrait aussi rechercher dans l'empreinte le passage de Bertillon (intégré maintenant dans certains smartphones), la digitalisation est-elle positive ? L'iris n'en croit pas ses yeux.

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