Succinctement, vie et disparition de monsieur X
Monsieur X fut un homme ordinaire dont le seul mérite — en apparence — était d'actionner manettes, poulies et pistons. L'absence de témoin direct nous oblige à la prudence quant à l'origine de ses actes et décourage l'ébauche même d'une explication de causalité. Nous ne sommes d'ailleurs pas sûrs de l'exactitude du patronyme de monsieur X, mais cela n'a aucune importance dans le cadre de ce récit.
Toujours est-il que monsieur X, à la suite d'un héritage dont on ne connaît pas mieux les actes, se trouva propriétaire d'un lopin haut perché sur lequel il fit construire un étrange et précieux édicule. Personne n'y fit attention dans un premier temps, la colline étant déjà mouchetée d'une ribambelle de jolis moulins à vent. Ce n'est que pendant l'hiver qui suivit son érection, lorsque les arbres roussirent puis se dénudèrent, que l'attentat inattendu fut visible d'en bas, depuis la ville.
C'est qu'au lieu de tourner en rond comme tout un chacun, les pales de l'instrument se mirent à dessiner à toute heure du jour et de la nuit sur la terre et dans le ciel une série de signes qui échappaient à l'interprétation. Cette anarchie sémiologique non autorisée dans le vent de la ville ne tarda pas à provoquer d'impressionnants remous.
En effet, la population se divisa en trois catégories apparemment inconciliables. Il y avait d'abord ceux qui ne voyaient pas, ou ne voulaient pas voir, ou refusaient d'en entendre parler. Il y avait ensuite, et ce sont eux qui devinrent rapidement les plus violents (suivis peu après, il est vrai, par les premiers), ceux qui voyaient et, n'y comprenant rien, décidèrent entre eux du caractère anormal de cette manifestation privée et de la nécessité urgente de retrouver un contexte sensé. Il y avait enfin ceux qui entendirent dans cette bouffée d'air comme la bulle qui allait bouleverser la façon de voir les mots et de sentir la langue.
Les évènements qui suivirent sont décrits dans la plupart des livres et sur le web, les quelques lecteurs qui passeront par ici savent à quoi s'en tenir et un discours plus copieux, qui d'ailleurs serait inexact ou imparfait, leur sera épargné. Rappelons simplement qu'un volumineux tumulte déchirait les différents milieux.
Quoi qu'il en soit, sur ordre des autorités et munie d'un mandat la troupe finit pas intervenir et somma le retranché de cesser ses activités perverses sur-le-champ, avec obligation de se tenir à la disposition de. À la troisième sommation et après quelques conciliabules il y eut pénétration des forces, hélas pour du beurre. Monsieur X avait disparu. Chou blanc.
Très vite l'édifice fut détruit, le terrain préempté et revendu par l'État à un promoteur qui y installa son métier à hisser autour duquel le consensus se fit, renvoyant chacun dans son état d'apaisement congénital.
Mais il se murmure entre certaines oreilles que monsieur X, seul (et parfois même, accompagné), continue de soutenir un discours explicite à qui sait l'entendre et en belle impunité, sous couvert d'un anonymat définitif dans un endroit banal, tranquille et populaire.
...
Résumons : monsieur X, un taiseux, sort toujours couvert et pénètre dans le beurre avec toutes ses forces.
RépondreSupprimerArD
Un tel résumé a pour conséquence, immédiate, de faire cesser le vent.
Supprimerconjugué à l'mparfait du définitif, en somme
RépondreSupprimerimparfait, bien sûr
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