Des images et des blancs
Le ciel de mars est coupant comme un vent solaire, on se détourne, paupières baissées. Les couleurs ont passé mais les éclats sur la rétine persistent.
Le cyclomoteur était un « Ciao », nom prémonitoire. Appareil au design simple et sophistiqué, il dissimulait sa chaîne sous un long carter rouge-orangé. Il y avait un petit panier grillagé devant le guidon où tu mettais tes cours, ou une serviette de bain, ou les deux à la fois.
Saint-Jacut, Lancieux, les pierres sonnantes du Guildo, la plage de Dinard. Plus rarement, Saint-Malo. Aux extrémités hautes du triangle dont la pointe tête en bas est Dinan, Saint-Cast et Paramé furent les limites de l'expérience. Cette énumération est en quelque sorte une contraction sous contrainte de ce qui reste, et de ce qui reste précisément : les noms. Extraits de parfum, ils se suffisent à eux-mêmes et répugnent à tout développement qui les amoindrirait. Demeurent aussi deux objets, un briquet laqué noir et un disque 33 T de Joãn Gilberto. Des ondes telluriques s'en échappaient régulièrement quand ils étaient ensemble, aussi j'ai dû les séparer.
Les émotions définitivement intransportables sont restées pour toujours dans cette construction géométrique. Le corps, lui, s'est échappé comme il a pu, en sautillant plus ou moins intelligiblement.
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Retour sur certains souvenirs : finalement ils se matérialisent toujours, peut-être enjolivés par les images...
RépondreSupprimerLes images finissent par remplacer les souvenirs, à moins que les souvenirs ne soient que des images.
SupprimerJ'avais aussi un "ciao" blanc à 14 ans et je l'adorais, premier symbole de ma liberté !
RépondreSupprimerGrand merci pour ces photos et ce ciel magnifique !
Merci pour avoir mis pied à terre, et arrivederci, donc.
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