Le Sillon, sans une ride
C'est un zeste de cohue, vite oublié. La plage à marée basse est presque aussi vaste que celle de la Baule, sans commune mesure pourtant avec les rubans des côtes basque ou landaise. Assez étendue en tout cas pour s'extraire rapidement de la foule au long de la chaussée du Sillon, parallèle au boulevard Théodore Botrel puis au quai Duguay-Trouin et qui mène à Saint-Malo intra muros. Foule elle-même toute relative, l'arrivée d'un beau soleil n'ayant sans doute pas été suffisamment prévue, commentée, diffusée par la presse. Et quand le festival (international !) Étonnants voyageurs se déploye à quelques mètres de là (le site internet a correctement accentué la capitale), ses participants semblent bien studieux, préoccupés, invisibles, en un mot à leur affaire. Ici, c'est Paramé.
Il n'y a pas grand-chose à ajouter en marchant près de la mer. Il est possible bien sûr de faire fonctionner sa mémoire, de jouer avec les droites, les tangentes, les bissectrices, les perpendiculaires et les lignes de fuite déchirantes comme dans une toile de De Chirico. On trouvera même, fouettant l'air (lequel ne demande que ça, et vivement) un témoin de l'ancienne forêt qui, au Mésolithique, nous séparait de l'Angleterre, avec en son milieu le fleuve Manche. Et puis, le réchauffement climatique, déjà... On n'ira tout de même pas jusqu'à mettre les pieds dans l'eau à 13 degrés, même si au ras du sol le sable est doux et tiède, protégé des rafales par un invisible et délicat paravent.
Enfin, il faut bien admettre que tout ceci je l'invente au fur et à mesure de la composition de ce mini-récit, dans l'à rebours de la pérégrination. Dans la réalité nous avons surtout, au gré de la flânerie, parlé de nos projets (le passé, c'était hier), et aussi curieux que cela puisse paraître le sujet nous a occupés sur plusieurs kilomètres. D'ailleurs — mais il sera difficile de prouver une relation de cause à effet — depuis notre retour, il pleut sans interruption. La colère du Ciel, à n'en pas douter. Les brises-lames — bois levés — avaient pourtant dans l'idée d'apaiser celle des eaux. Luxe, calme et volupté, vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage.
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Les pieux dans le sable, la plage de Saint-Malo n'a pas bougé...
RépondreSupprimerJe suis allé une fois au festival "Étonnants voyageurs", c'est mieux que le Sillon du Livre.
L'année dernière, retour sur les remparts avec leur vent fou durant quelques jours : mais pas de projets aussi longs que les tiens !
Festival qui n'a pas pris une ride !
RépondreSupprimerLes « festivals » littéraires ne m'intéressent pas, je n'y suis donc pas allé (sauf à la première édition du dit, je venais en voisin et en curieux, Edwy Plenel avait déjà sa petite moustache pas encore grise), en revanche oui, le sillon est toujours bien tracé !
RépondreSupprimerdu souvenir au présent, déjà devenu souvenir, les images forcissent sous le vent impossible du détachement au lieu
RépondreSupprimerL es projets peuvent se liquéfier quand ils ne sont pas suffisamment solides. Le mouvement Bois debout devrait en avoir raison à force... À force de ?
RépondreSupprimerArD