Les Tres Torres
Le dernier jour nous embrassions, au-delà de l'orme vénérable, le ciel inversé dans la Marne.
Là, à ce moment tu m'as dit regarde, tu te rappelles, elles me font penser au quartier de Barcelone où nous étions l'année dernière, Les Tres Torres, sur les hauteurs de Sant Gervasi. C'est le hasard, juste une association d'idées, mais si tu te souviens bien, ces trois tours on les a cherchées partout autour de la station de métro sans jamais les voir, évidemment, c'était même devenu un jeu entre nous quand on rentrait tard le soir et un peu ivres, on se demandait si la nuit elles étaient éclairées, cela nous permettrait peut-être de les remarquer. Aujourd'hui je suis heureuse, car c'est comme si on les avait enfin trouvées.
Tu m'as dit ça comme ça, oui bien sûr je me souvenais, j'ai dû bredouiller une bêtise et puis on a parlé d'autre chose.
Hier après-midi, alors que je cheminais le long de la rivière en attendant l'heure d'ouverture d'une boutique, et tandis que j'étais en train d'inventer ce début d'histoire avec déjà le regret de ne pas l'avoir vécue dans une vie antérieure ou parallèle, avec encore la mélancolie extravagante de ne pas avoir su la prolonger et l'augmenter, mon attention fut retenue par une rumeur croissant dans mon dos.
C'étaient deux cygnes qui remontaient le fleuve. Le froissement ample m'a dépassé sans que les remous ne s'en émeuvent, avec une lenteur irréductible. Ni fuite, ni hâte, rien qu'un geste simple. Il était facile de fixer deux images à partir desquelles tous les futurs seraient possibles, à la condition de revenir les écrire chez soi. Il y aurait donc autant de vies que de pages, autant de pages que de voyages, ce qui suffisait à nimber d'une grâce insouciante cette chronique un peu grise.
C'étaient deux cygnes qui remontaient le fleuve. Le froissement ample m'a dépassé sans que les remous ne s'en émeuvent, avec une lenteur irréductible. Ni fuite, ni hâte, rien qu'un geste simple. Il était facile de fixer deux images à partir desquelles tous les futurs seraient possibles, à la condition de revenir les écrire chez soi. Il y aurait donc autant de vies que de pages, autant de pages que de voyages, ce qui suffisait à nimber d'une grâce insouciante cette chronique un peu grise.
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Les tours jouent parfois des tours, et les cygnes se prêtent à leur saisie photographique, cyniquement.
RépondreSupprimerEt quand ç'eurent été des canards, la vision s'en fut allée dans le couac !
Supprimerc'est l'empire du sygne (comme auraient dit sans doute et successivement Raymond et Roland, quant à Romain je ne sais)
RépondreSupprimerje n'ai pas pensé non plus à Baudelaire...
SupprimerNotre chemin est jalonné de signes, mais certains ne savent pas les voir.
RépondreSupprimerMerci pour ces reflets en général et en particulier pour la splendeur des deux dernières photos.
Il y a aussi ceux qui ne voient que cela, à l'instar de certains autistes obsédés paraît-il par le détail, et handicapés de ne pouvoir communiquer socialement selon la norme. Pour contrepartie, aucun a priori, et sans doute une grande honnêteté dans les rapports humains (signe positif !) :)
Supprimer(mais pourquoi diable me perdé-je ne ces termes...) :-)