Tiré d'un dimanche
Sorti le cardigan
Et le duffle-coat
Et les trucs qu'on met sur la tête pour se protéger du froid
C'est arrivé tôt, non ?
Il y a un mois dormions au soleil
Sans protection
Et ne voulions pas rentrer, si fort ne voulions
Qu'on est parti trop vite, et
Mais je suis ici désormais
Regardez, il y a des objets tout autour
Quand on les touche, ils répondent
D'un mouvement ferme sur les doigts et sur les paumes
Tiens, là il y en a trois que j'avais perdus de vue
À l'étroit qu'ils étaient parmi d'autres
Il faut en ouvrir un, puis
À l'air libre le feuilleter :
— J'ai tellement soif, dis-je. Je vous en prie, donnez-moi à boire, je donnerais bien mille yen pour un peu d'eau.— Bon, dit l'aubergiste, ce sera deux mille yen. Venez par ici.Il m'enferma dans une petite pièce sombre où une femme me versa dans une écuelle de terre avec un arrosoir un peu d'eau saumâtre.« Voilà » dit-elle.Je n'en pouvais plus, je lapai jusqu'à la dernière goutte. Puis je sortis.En rentrant chez moi, je fus pris de frissons, j'appelai un médecin.— Je ne sais pas ce que j'ai, dis-je, mais cela ne va pas.— Vous avez bu, dit le médecin. Pourquoi avez-vous bu, vous savez bien qu'ici les sources sont interdites, qu'il est défendu de boire.— J'avais soif, dis-je.— La belle raison, dit le médecin. Donnez-moi deux mille yen, mais je ne sais pas si cela suffira pour étouffer les reproches de ma conscience. Je devrais vous dénoncer à la police. Sans doute vous êtes un étranger, vous pouviez penser qu'en payant vous auriez droit à une eau potable ou du moins bouillie. Voilà comme vous êtes, les étrangers, vous pensez toujours qu'il suffit de payer et qu'alors vous avez droit. Mais vous n'avez droit à rien sinon à la peste et à la rage.Puis il ajouta tout bas, dans un accès de découragement qui me fit pitié : « Je risque ma carrière avec une histoire comme celle-là. Qu'on sache pourquoi je vous ai soigné, et je suis rayé de l'ordre des médecins. »
(...)
L'air était ce matin frais et transparent
Pierre Bettencourt, La soif (1961) in Mille Morts, Éditions Lettres Vives, 2004
Le temps de transcrire ceci
Déjà le voilà plein d'une tiédeur fossile
Et les vêtements tombent
Comme des masques
C'est curieux
Même les oiseaux
Regardent ailleurs
Il est enfin temps de parler du refroidissement climatique !
RépondreSupprimerHélas la sémantique a des ressources refroidissement/réchauffement/dérèglement ...
RépondreSupprimerAttendons le prochain rayon de soleil (;
L'air est transparent comme la glace, frais et tranchant comme le verre. Depuis l'époque de ce billet qui m'avait échappé, l'été n'est plus qu'un souvenir, chaud comme l'ombre de miel du soleil sur le parquet...
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