L'air de famille
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source: géoportail |
Ce fut une erreur de ma part, j'avais oublié qu'en cette saison le musée de Vendôme est fermé le dimanche. Nous n'avons donc pas pu voir les œuvres de l'artiste réunionnais Michel Saint-Lambert. Ce présent billet est tardif, il relate un événement déjà vieux d'une semaine (prendre du retard, prendre son temps, prendre le temps, perdre du temps, quelle importance...), mais l'un des motifs de ma venue par ici était justement le parcours du peintre, Résonances lointaines, dans cet endroit, et je regrette mon étourderie.
Le soleil est bas, un vent froid tourne inlassablement entre les canaux tirés le long du Loir afin, entre autres, d'alimenter les moulins (les canaux sont courbés dans la forme d'un escargot « depuis la tête jusques au ventre » lorsqu'on regarde un plan de la ville). Les pigeons, francs et ramiers, patrouillent en équipages par-dessus les rues, entre la statue de Rochambeau et le buste de Balzac, celui-ci près du collège des oratoriens où il passa quelques années au souvenir contrasté. Le vent, le froid, exigent de s'abriter quelque part. Comme si cela ne suffisait pas, la municipalité a fait installer une patinoire dans le cloître de la Trinité, contre l'abbaye du même nom.
Un flux régulier de piétons anime les alentours de la salle du Minotaure, l'un des lieux de la scène conventionnée de l'Hectare. Nous y allons nous réchauffer, prendre un café à la machine près des caisses. L'endroit est très beau, surtout les chaises et le balcon. Une fois assis, nous suivons toujours des yeux le flux continu qui finit par nous intriguer. Il contraste avec les rues dégarnies du centre-ville. Surtout, on dirait que les gens, le plus souvent des couples, mais aussi des personnes seules et des groupes, enfants, parents, grand-parents, ont à quelque chose près la même allure, légèrement pressés mais pas trop non plus, regardant droit devant et sûrs d'eux, comme à la sortie de la messe. En somme, assez « propres sur eux », ils ont tous un air de famille.
La réponse est écrite sur les pancartes : « primaires de la droite et du centre ». L'air de famille que nous avions flairé, c'est que tout le monde venu voter ici et maintenant et pour quelque candidat que ce soit, va voter à droite. Cela se tient, me dis-je, imaginant dans l'instant que, a contrario, lorsque tout le monde va voter à gauche, il doit bien exister aussi un parfum inverse. Il m'arrive d'être de mauvaise foi, je le reconnais, mais rarement psychorigide, et il me semble que les gens qui vont voter à gauche forment une population plus disparate, plus diverse, à tout point de vue (il doit bien en rester quelques-uns ?) On peut avoir une préférence pour l'un ou l'autre des groupes, là n'est pas la question, et les relations humaines savent se jouer du milieu, fort heureusement, mais le fait est là.
La déambulation étant, on l'a vu, raccourcie par le fait du climat, la dernière étape sera, comme il se doit, celle d'un autre café ou de l'apéro dans un bistrot quelconque, avec quelques-uns (et sans doute quelques autres). Toujours j'aimerai l'odeur âpre et sucrée des cafés.
Le temps des pigeons s'approche à petits pas (sauf en Autriche, paradoxalement)...
RépondreSupprimerVendôme semble une jolie ville : je suis étonné qu'elle n'ait pas servi de nom à une voiture de chez Renault, période "Versailles", "Chambord", etc.
Pour les pigeons, le temps des petits-pois est encore loin...
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