Couleurs vendredi






« Mais pourquoi les arbres ont-ils un comportement social, pourquoi partagent-ils leur nourriture avec des congénères et entretiennent-ils ainsi leurs concurrents? Pour les mêmes raisons que dans les sociétés humaines : à plusieurs, la vie est plus facile. Un arbre n’est pas une forêt, il ne peut à lui seul créer des conditions climatiques équilibrées, il est livré sans défense au vent et à la pluie. À plusieurs, en revanche, les arbres forment un écosystème qui modère les températures extrêmes, froides ou chaudes, emmagasine de grandes quantités d’eau et augmente l’humidité atmosphérique. Dans un tel environnement, les arbres peuvent vivre en sécurité et connaître une grande longévité. Pour maintenir cet idéal, la communauté doit à tout prix perdurer. Si chaque individu ne s’occupait que de lui-même, nombre d’entre eux n’atteindraient jamais un grand âge. Les morts successives provoqueraient de grandes trouées dans la canopée par lesquelles les tempêtes pourraient s’engouffrer et endommager la forêt. La chaleur estivale parviendrait au sol et le dessécherait. Tous les individus en souffriraient.

Chaque arbre est donc utile à la communauté et mérite d’être maintenu en vie aussi longtemps que possible. Même les individus malades sont soutenus et approvisionnés en éléments nutritifs jusqu’à ce qu’ils aillent mieux. Une prochaine fois, peut-être les rôles s’inverseront-ils et ce sera l’arbre-soutien qui à son tour aura besoin d’aide. Les gros hêtres à l’écorce grise qui se protègent mutuellement me font penser aux éléphants vivant en troupeaux. Eux aussi défendent chacun des membres du groupe, eux aussi aident les malades et les moins vaillants à reprendre de la vigueur et ne laissent qu’à regret leurs morts derrière eux. »


Pierre Wohlleben, La vie secrète des arbres
(traduit de l'allemand par Corinne Tresca)
Editions des Arènes, 2017


Cependant la vie continue au village, et l'on s'invente des canopées merveilleuses au-dessus de nos petites frontières.
Implacable planning. Oh disparaître, provisoirement ; passer entre les lignes.







Enfin, ce fut pourtant une belle journée.





...


Commentaires

  1. Arbres, mes amis...

    Vu récemment un documentaire sur Arte, sans doute d'après ce livre, montrant la vie sociale des arbres et leurs dialogues et précautions silencieuses (application de la règle grammaticale qui refait surface dans quelques lieux).

    Belle palette arboricole !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. C’est une forêt de signes, en effet.

      Supprimer
    2. Avec en clôture ce petit soleil esmiraldien en effet ( mira/Miró )parce que les gitanes sont rouges et les soleils paramécies

      Supprimer
    3. Il a dansé un flamenco avant de se coucher :-)

      Supprimer

Enregistrer un commentaire