Flous en chemin
Une fois assis dans le train, dans l’un de ces TER qui ressemblent désormais à un gros tramway (ce dernier mot est plus inspirant que l'acronyme administratif), une douce torpeur envahit le corps comme l'endolorissement mélancolique à l'orée de la salle d'attente du médecin généraliste, – cela va déjà mieux en le disant, la tension baisse et le coeur s'alentit ; bercement du ronronnement mécanique, vague odeur de gaz liquéfié (d'origine douteuse, on oublie), climatisation molle. L'engin s'élance silencieusement (et avec une belle célérité) le long d'une berge qui n'est plus entretenue depuis qu'un décret l'a dit, sage décision relativement démagogique pour l'époque mais on s'y croirait presque, l'effet théatral était réussi. Il aurait fallu faire mieux, certes, mais les nouvelles ont empiré, se sont empilées, et nous voici au pied du mur, situation naguère banale et contournable mais cette fois-ci le mur est décoré de barbelés avec dessus des hommes, et des hommes armés d'une bêtise impensable. Le vent s'est levé, mais pas dans la bonne direction.
La suite du parcours se déroule dans un flou ensommeillé. À l'entrée d'une ville, j'ai repensé au mot bienveillance, utilisé avec beaucoup trop de légèreté au soir du 14 mai 2017. Ce joli mot avait alors fleuri depuis quelque temps déjà, il devait par la suite connaître une mode relativement longue dans la littérature, avant d'être enfoui dans les profondeurs du dictionnaire pour une période indéfinie. J’ai fait une erreur. Ce sont les paysages qui changent, les gens ne changent pas tant que ça. J’aurais vraiment dû le savoir.
L'amie rencontrée au terme du voyage m'a dit, dans l’infinie liberté des rues de Paris, que le futur était mieux avant.
Alors des sourires, donc, des espoirs.
j"essaie de me souvenir s'il était vraiment mieux... sais plus
RépondreSupprimerEn 81, j’ai l’impression que si.
SupprimerMais c’est surtout le jeu de mots qui m’a fait sourire 🙂