Un peu trop tôt

 Les jours s'amenuisent doucement. Sentez-vous le petit vent frais dans son rôle de messager sur les coups de 5 heures du soir ? C'est à peine s'il ose nous frôler, la dépêche vespérale est presque illisible. Et pourtant. Peut-être n'a-t-on pas envie de la lire. Pour le moment.
Il y a longtemps qu'un merle n'a pas chanté le soir. Sont-ils eux aussi vaincus par abandon, comme les moustiques qui autrefois étoilaient le pare-brise à la moindre excursion estivale ? Aussi, des bourdons ont fait leur nid dans un trou du mur en terre, à l'emplacement d'une solive du comble. Protègent-ils une reine ? Comme des abeilles, la nuit, un vrombissement résonne derrière la cloison à la tête du lit. Aristée n'avait pas meilleure couche. Certes, ce n'est plus le meilleur moment pour se comparer au fils d'Apollon, mais comment ne pas se réjouir de cette cohabitation musicale et pacifique.

Le jeune agriculteur qui louait le terrain au nord du jardin est mort au début de l'été. Stupeur et tristesse. L'affaire n'a pas pas traîné, une reprise est en cours. Y aura-t-il toujours une pâture ? Ou bien le maïs digérera-t-il brutalement l'humus ? Intrants, rendement, capital, appauvrissement, maladie. Il faudrait encore faire ses valises, alors qu’elles sont à peine remises du précédent déménagement ? Fuir comme une tortue ? Parfois, il se fait tard un peu trop tôt. Tenir, tenir juste. Juste et fort ? Jusqu’à quand.

La Moinerie, août 2024

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